La CGT

 

U.L. CGT du Bassin de Longwy-Longuyon-Villerupt

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                                                                                                                                 Le 1er Avril 2005

 

 

 

 

 

CONFERENCE DE PRESSE

DU 1er AVRIL 2005 – NANCY

INTERVENTION DE L’UL CGT LONGWY

 

 

Le procès en Appel de Kamel BELKADI aura lieu le mardi 5 avril à la Cour d’appel de Nancy, à partir de 13H30.

Kamel, était un des salariés le plus en pointe dans la lutte que les ouvriers de DAEWOO-ORION ont menée de décembre 2002 à mars 2003 contre la direction de l’entreprise qui avait décidé de fermer le site moins de 10 ans après avoir empoché subventions et aides publiques diverses lors de son installation.

 

Le 23 janvier 2003, alors que les salariés en lutte étaient parvenus à amener la direction et les pouvoirs publics à négocier un plan social préventif, un incendie a détruit la partie de l’usine où était entreposé le stock de produits finis.

 

A l’issue de la garde à vue de 4 salariés de DAEWOO (ainsi que de la secrétaire générale de l’U.L. CGT LONGWY), l’un d’eux, Piétro TAVERA, a accusé Kamel d’être l’auteur de l’incendie. Celui-ci a été maintenu en détention préventive pendant près de 3 mois, alors qu’aucun élément matériel ne pesait contre lui.

 

A l’automne dernier, le TGI de Briey a condamné Kamel à 3 ans de prison (dont 18 mois fermes) et 30 000 € de dommages et intérêts, à l’issue d’un procès où le tribunal a systématiquement écarté tous les éléments qui innocentent Kamel.

 

A l’heure où Kamel risque la prison pour un crime qu’il n’a pas commis, l’ex-PDG du groupe DAEWOO, le trafiquant international KIM WOO CHOONG, coule des jours tranquilles en France, grassement rémunéré par la société française LOHR !

Les médias viennent de mettre au grand jour ce que les sphères dirigeantes, patronales et politiques, savaient pertinemment :  Kim W.C. recherché par Interpol pour malversations et détournements de fonds à hauteur d’1/3 du budget annuel de son pays, la Corée, est propriétaire d’une somptueuse villa sur la Côte d’Azur (la Seigneurie à FLASSANG), bénéficie de la nationalité française, et est décoré de la Légion d’Honneur pour « services exceptionnels rendus à la France » … sous le parrainage de Messieurs LONGUET, JUPPE et CHIRAC !

 

Pour nous, il est clair que le jugement qui a été rendu à Briey le 12 octobre dernier, a été le point d’orgue d’une manœuvre qui consiste à criminaliser la lutte des « DAEWOO », et plus généralement tous les mouvements ouvriers et toutes les actions syndicales qui ne rentrent pas dans le cadre d’un consensus avec le patronat et les pouvoirs publics.

 

Nous ne laisserons pas notre Camarade en otage à la justice de classe, et nous mettrons toutes nos forces dans cette bataille !

Avec l’ensemble des signataires de l’Appel « JUSTICE POUR KAMEL BELKADI » soit près de 250 organisations syndicales, politiques et associatives, et environ 1 200 personnes, salariés, chômeurs, retraités et intellectuels (parfois de renommée publique), avec tous ceux-là, l’Union Locale CGT du Bassin de Longwy appelle à une mobilisation massive pour soutenir Kamel lors du procès en appel à Nancy.

 

 

 

 

Nous allons maintenant nous attacher, à travers les diverses interventions d’aujourd’hui, à dévoiler les enjeux politiques et financiers de l’incendie du 23 janvier 2003, les incohérences du dossier d’accusation, les questions que posent les circonstances du départ de feu, les preuves de l’innocence de Kamel et les pratiques mafieuses de DAEWOO et de ses complices.    

 

 

 

 

 COMMENT DAEWOO S’EST IMPLANTE SUR LE BASSIN DE LONGWY

 

Pour nous, le premier personnage de cette affaire, ce n’est pas Kamel, c’est DAEWOO !

On le sait, notre Bassin a été véritablement destructuré par les vagues successives de restructuration de la sidérurgie et des mines de fer. A la « grande époque » des années 60, Longwy c’était 20 000 emplois sidérurgiques et 1 500 cheminots (la gare de Longwy, c’était le plus fort tonnage de fret en France). Aujourd’hui, en 2005, on ne compte plus qu’une centaine de cheminots et …plus aucun sidérurgistes (les derniers sont en cours de mutation sur Schifflange au Luxembourg).

Dans ce contexte, les pouvoirs publics et politiques ont été amenés à mettre en place des dispositifs sensés permettre une reconversion industrielle : espace transfrontalier (France/Belgique/Luxembourg), aides à l’investissement pouvant aller jusqu’au tiers du total, primes diverses, exonérations de taxes, viabilisation des terrains, utilisation d’un volant de main d’œuvre rétribuée par les fonds publics (les stagiaires FNE), etc ; C’est ce qui s’est formalisé en 1985 sous le nom de Pôle Européen de Développement.

 

Après une première période marquée par les « chasseurs de primes », les Vialor, Ibis, Europdress… et THOMSON ! qui ont empoché le pactole des subventions et ont fermé boutique quelques mois plus tard, les dispositifs d’aides publiques ont été assortis d’une contrepartie : la garantie d’un maintien d’activité … sur 3 ans !

 

C’est dans ce contexte que DAEWOO s’est installé sur le Bassin, tout comme JVC, PANASONIC et quelques autres (qui ont aussi fermé boutique quelques années plus tard !).

Pour ses 2 usines implantées dans le cadre du PED, Villers-la-Montagne, fours micro-ondes, démarrage en 1989, et Mont-Saint-Martin, tubes cathodiques, démarrage fin 1994, DAEWOO a touché officiellement 240 millions de francs, soit près de 40 millions d’€, mais en réalité beaucoup plus : il faut ajouter à cela des exonérations de taxes pendant 5 ans, divers avantages matériels de grande ampleur, tels que l’aménagement des infrastructures et du site, et un certain nombre d’aides « personnalisées » plus ou moins occultes. Un responsable d’APEILOR (organisme chargé de l’expansion économique de la Lorraine, dépendant du Conseil Régional) a pu dire : « c’est un secret d’Etat ; si les montants étaient connus, ainsi que leurs conditions d’obtention, des têtes tomberaient ! »

Au bout du compte, DAEWOO a fermé l’usine de Villers-la-Montagne (ainsi que celle de Fameck, en Moselle, spécialisée dans l’assemblage des téléviseurs) fin 2002 et l’usine de Mont-Saint-Martin en 2003 … soit au total plus d’un millier de salariés sur le carreau, dont 800 sur le Bassin de Longwy !

En général, on a mis la fermeture des 3 sites lorrains sur le compte de son endettement auprès des banques coréennes et du Krach  boursier asiatique. Ce n’est pas aussi simple que çà !

Un rapport d’expertise commandé par le CE en 1999 a relevé les manipulations financières internes dont l’usine de Mont-Saint-Martin faisait les frais : alors que la quantité de produits vendus progressait fortement, le chiffre d’affaire diminuait. Plus des ¾ du chiffre d’affaire était réalisé par les ventes internes au groupe DAEWOO, cela signifiait ni plus ni moins que DAEWOO-ORION VENDAIT LES PRODUITS FINIS A PERTE AUX AUTRES FILIALES DU GROUPE ! De plus, ce rapport fait état de présomptions que le groupe sur-facturait les matières premières à DAEWOO-ORION …L’image de la « pompe à fric », ce n’est pas une caricature inventée par des syndicalistes « extrémistes » !

Il semble que ce genre de pratique s’inscrivait dans une politique d’ensemble du groupe (déjà lourdement endetté du fait de sa démarche sur-expansionniste), visant à gonfler artificiellement son chiffre d’affaire global, afin de rassurer les créanciers et de bénéficier de nouveaux apports bancaires ; et ceci sans se préoccuper de la rentabilité de telle ou telle filiale.

Ainsi, l’étude des comptes de DAEWOO-ORION met en évidence que cette société n’avait pas de justification économique en elle-même, sauf à la considérer comme partie-prenante de la politique d’ensemble du groupe.

 

Et ce n’est pas tout, il faut savoir que DAEWOO a possédé une dizaine de comptes à CLEARSTREAM, la « banque des banques » implantée à Luxembourg et spécialisée dans le blanchiment d’argent sale (voir le reportage: « L’affaire Clearstream » de Denis Robert)

Il faut savoir encore que DAEWOO a pratiqué des détournements de fonds. Ainsi, pendant le conflit de 2002/2003, quelques salariés ont découvert des fichiers qui laissaient apparaître que des comptes « boîtes à lettres » ont été ouverts au nom de salariés de l’entreprise (qui, bien entendu, n’en savait rien) dans divers banques d’Anvers, Luxembourg et autres places financières. Ces comptes servaient à faire transiter de l’argent de DAEWOO-ORION vers on ne sait quels destinataires, puisqu’après coup on ne trouve pas trace de l’argent versé.

Décidément DAEWOO, ça pue la mafia !

… Ah ! j’oublais : les pouvoirs publics et les responsables politiques, LONGUET en tête, ont laissé DAEWOO s’implanter, et l’ont abreuvé d’argent public en sachant parfaitement qu’il était surendetté auprès des banques coréennes. Ils ont laissé l’usine de Mont-Saint-Martin démarrer ses activités alors que des centaines de points de non-conformité aux normes d’hygiène et de sécurité étaient présents.

Les gouvernements successifs, quelle que soit leur sensibilité politique, n’ont jamais demandé de comptes à DAEWOO sur sa gestion financière et sur l’utilisation des fonds publics, y compris quand les magouilles de ventes internes au groupe ont été révélées ! Dans un tel contexte, n’est-on pas en droit de se poser la question : A MAFIA … MAFIA ET DEMIE ??

 

 

 

LES PREMISSES DU CONFLIT : ENCORE DES MALVERSATIONS FINANCIERES !

 

A l’automne 2002, tous les voyants de DAEWOO sont au rouge : la fermeture des usines de Villers-la-Montagne et Fameck est en cours, et il se confirme que DAEWOO-ORION est redevable de fortes sommes envers le Trésor Public et la Société Générale (20 millions d’€), et que l’entreprise n’a pas payé les cotisations sociales qu’elle devait à l’URSSAF depuis 18 mois, soit près de 3,5 millions d’€.

Le 17/10/2002, le Tribunal de Commerce de Briey ordonne la mise en œuvre d’un plan d’épurement des dettes, avec révision de la situation au 9 janvier 2003, où le Tribunal se prononcera sur l’avenir de l’entreprise (avec risque de liquidation judiciaire).

Les échéances de remboursement d’octobre et novembre 2002 sont respectées, mais début décembre, la maison-mère ne renouvelle pas sa caution de garantie envers les créanciers. Ceux-ci font alors opérer des saisies conservatoires sur le compte de DAEWOO-ORION.

Le 18/12/2002, le Directeur du personnel annonce que, dans ce contexte, les salaires de décembre risquent de ne pas être payés. C’est à ce moment que le conflit social voit le jour.

 

 

 

PLACE ET ROLE DE L’INCENDIE DANS LE DEROULEMENT DU CONFLIT

 

 

Le 19 décembre 2002, les salariés se mettent en grève et le 20, ils séquestrent la direction coréenne jusqu’à l’obtention d’une garantie de paiement des salaires de décembre. Commence alors le combat pour empêcher une fermeture rapide de l’usine et imposer la négociation d »un « plan social préventif ».

C’EST A CE COMBAT QUE L’INCENDIE DU 23/01/2003 VA METTRE FIN, au terme de 4 semaines durant lesquelles les salariés combatifs et l’Intersyndicale CGT/FO/CFTC sont parvenus à construire UN RAPPORT DE FORCE QUI LEUR ETAIT FAVORABLE.

Le 22 janvier, ce qui était à l’ordre du jour, c’était le redémarrage de l’usine (que la direction faisait traîner en prétextant un manque de matières 1 ères)  et la négociation d’un « plan social préventif », que le préfet de Meurthe-et-Moselle s’était engagé à « accompagner » le 8 janvier, à la suite de ce qu’on a appelé « l’ultimatum aux produits chimiques ».

 

 

 

A BRIEY, UN JUGEMENT « TOUT FICELE » QUI VIENT PARACHEVER UNE ENQUETE ET UNE INSTRUCTION A SENS UNIQUE

 

Kamel a été déclaré coupable alors que les audiences des 2 et 3 septembre 2004 ont démontré l’inconsistance du dossier d’accusation. Celui-ci ne repose sur AUCUN ELEMENT MATERIEL, mais seulement sur le témoignage de Piétro Tavera, dont on a voulu faire « un témoin-clé »

Ce fameux témoin, le seul qui accuse Kamel, se contredit à plusieurs reprises devant la Cour.

Par exemple, il prétend que Kamel l’a menacé pour qu’il donne la même version des faits que lui (donc qui l’innocente) … mais il est incapable de dire quelle était cette version.

Et puis surtout, il prétend que Kamel est passé avec une fenwick par une « porte rouge » dont tous les autres témoins attestent qu’elle était bloquée depuis plusieurs semaines et ne permettait pas le passage d’un tel engin.

En face, 3 témoins sont formels : Kamel était avec eux au poste de garde, et il n’en a pas bougé depuis environ 20 Heures jusqu’au moment où l’alerte a été donnée (aux environs de 20H40), c’est à dire qu’IL NE PEUT PAS MATERIELLEMENT, ETRE L’AUTEUR DE L’INCENDIE.

Dès les premières auditions de l’enquête, et tout au long de l’instruction, il est apparu clairement  que les enquêteurs ne prenaient en compte qu’une seule piste : celle de salariés qui auraient pété les plombs, chauffés à blanc par des « meneurs syndicaux extrèmistes » (ce n’est pas par hasard qu’on a mis en garde à vue la secrétaire  générale de l’UL CGT Longwy, Isabelle Banny !). Dès le début, c’est Kamel qui était dans le collimateur. C’est lui qui était au cœur des questions que posaient les     enquêteurs, et ceux-ci ont multiplié les pressions sur les témoins pour qu’ils aillent dans le sens de sa culpabilité. C’était le bouc émissaire idéal : grande gueule, toujours en 1ère ligne des actions, proche de la CGT (après les évènements, il s’est syndiqué à notre UL)… et en plus Maghrébin et barbu !

 

Ni l’enquête, ni l’instruction, ni les juges de Briey n’ont répondu à la question : A QUI PROFITE LE CRIME ?

Et pourtant… l’incendie du 23 janvier a été le tournant de la lutte, l’élément-clé qui a changé radicalement le rapport de force que les travailleurs avaient construit. Les locaux qui ont été détruits sont ceux où était entreposé le stock des produits finis, c’est-à-dire LE TRÉSOR DE GUERRE DES SALARIES. Ceux-ci ont été délogés de leur usine, qui était une pièce essentielle du rapport de force : désormais, l’occupation était terminée, il n’y avait plus de locaux pour se réunir, plus de possibilités de faire pression sur l’employeur et les pouvoirs publics.

 

Dans les attendus de jugement, on affirme que « personne n’avait intérêt à ce que l’entrepôt et son contenu disparaissent dans les flammes », en s’appuyant sur l’évidence que les stock d’une valeur de 1,2 millions d’€ « représentait pour les salariés une garantie dans le cadre des négociations sociales »  mais en reprenant aussi la notion que « ce stock constituait pour la direction une rentrée potentielle d’argent frais »..

...A première vue, c’est imparable … mais on oublie de se poser question sur le fait que l’incendie a eu pour conséquence une    liquidation judiciaire immédiate, ce qui a permis à la direction de DAEWOO-ORION de faire l’économie d’un plan social.

Question, encore, qu’on oublie : combien ce plan  social, même minimal, aurait-il coûté à DAEWOO ? A l’évidence, beaucoup plus que le 1,2 million d’€ de stock puisque l’avocat de DAEWOO, lors d’une  audience devant le tribunal de commerce le 9 janvier 2003 évaluait, les seules indemnités légales (licenciement, préavis, congés payés) à 3 millions d’€.

Un « vrai » plan social aurait coûté pour le moins 10 millions d’€.

 

Ni l’enquête, ni l’instruction ni les juges n’ont répondu aux questions que posent les circonstances du départ de feu : pourquoi l’alarme ne s’est-elle pas déclenchée ? pourquoi les extincteurs étaient-ils vides ? pourquoi n’y avait-il pas de pression dans les lances à incendie ? pourquoi les sprinklers n’ont-ils pas fonctionné à l’endroit où le feu s’est déclaré, alors qu’ils se sont déclenchés aux autres endroits ? De tels éléments font ressortir l’évidence que l’incendie n’est pas le fait d’un individu isolé qui aurait agi sur un coup de colère (thèse de l’accusation contre Kamel), mais bien le fait d’une entreprise ORGANISÉE impliquant plusieurs individus qui agissent de connivence !

 

Et ce n’est pas tout : pourquoi la direction a-t-elle fait déménager toute la comptabilité le matin même du 23 janvier ? pourquoi la direction a-t-elle renvoyé chez eux  les salariés qui devaient travailler de 14 à 22 H ? pourquoi les cadres qui devaient rester présents jusqu’à 22 H (selon la décision du CE du matin) étaient-ils absents lors du départ de feu ? pourquoi la société de gardiennage avait-elle réduit le système de surveillance depuis la veille ? qui a donné l’ordre aux gardes de ne plus faire de ronde à l’intérieur de l’usine ?

 

Le tribunal se contente de relever que le système de sécurité a été détérioré entre le 18 et le 23 janvier 2003, sans poser les questions qui en découlent :

-Qui a mis la vanne n° 5 en position fermée ?

-Qui a dégradé le boîtier général de contrôle ?

-Qui a percuté les extincteurs ?

-Qui a désarmé la plupart des boîtiers d’alarme ?

 

On relève encore que c’est « la direction qui a donné pour consigne de réduire le nombre d’agents de sécurité à 2 par poste », mais on ne discute pas le prétexte qui est sensé justifier cette démarche :  c’est simplement « pour diminuer les coûts ». On accepte également sans discuter qu’ »il a été demandé aux vigiles de ne plus effectuer de rondes extérieures ni intérieures » sous prétexte que l’un d’entre-eux a été pris à partie le veille par plusieurs salariés.

 

 L’inconséquence, l’irresponsabilité de réduire le système de surveillance dans un   climat social aussi lourd de tensions, on ne la questionne pas … serait-ce de peur de découvrir des éléments qui puissent faire supposer qu’il y a plus  que de l’irresponsabilité dans la conduite de la direction ?

Décidément, ces patrons, qui ont pratiqué des malversations financières, des détournements de fonds, et qui ne payaient pas leurs cotisations à l’URSSAF, décidément ils sont insoupçonnables !

 

 

Qui était le ou les occupants de la MEGANE GRISE qui est sortie en trombe du parking peu après le départ de feu ? Le tribunal ne répond pas à la question … les enquêteurs n’ont-ils pas pris en compte les 2 témoignages qui attestent de ce fait ? Pourquoi ?

 

 

On considère que « l’hypothèse de l’intrusion d’une personne extérieure (qui aurait mis le feu) n’apparaissait pas plausible en raison de la configuration des lieux, notamment la présence d’un grillage tout autour du site » … Tous ceux qui étaient présents pendant l’occupation de l’usine savent bien que, compte tenu des nombreuses allées et venues par le portail d’entrée, c’était un jeu d’enfants de pénétrer et de ressortir du site par ce portail sans se faire repérer !

 

Le tribunal ne se pose pas question sur le fait qu’il est impossible de construire un bûcher, tel qu’il a été décrit par l’enquête, avec un engin de levage comme les fenwicks de DAEWOO.

Les enquêteurs n’ont-ils pas fait la reconstitution qui s’imposait ?

 

Disons-le : il y a autour de cet incendie criminel une forte odeur de mafia !

 

… Et dans cette affaire, qui a eu des pratiques mafieuses ? Les salariés en lutte, avec l’Intersyndicale CGT-FO-CFTC à leurs côtés, qui ont sécurisé pendant plusieurs semaines l’usine désertée par la direction et les cadres ? les salariés en lutte, qui ont maintenu l’outil en état de produire, qui ont remis les chaudières en route pour éviter que les canalisations éclatent sous l’effet du gel, qui ont arrêté, début janvier, une fuite de gaz qui aurait pu causer une explosion majeure, type AZF ?

 

Ajoutons à cela, la conduite exemplaire de Brahim HAIDAS (un de ceux qui témoignent en faveur de Kamel) qui, le 23/01/2003, a pénétré dans l’usine en feu pour coupé l’arrivée principale de gaz, parvenant ainsi à éviter une catastrophe.

 

Alors, nous réinsistons : Dans cette affaire, qui a eu des pratiques mafieuses ?…Les salariés, ou la direction de DAEWOO, dont on a évoqué tout à l’heure les agissements criminels ? Pourquoi sont-ils mis systématiquement hors de cause ?

 

… Enfin, les attendus du jugement invalident systématiquement les témoignages en faveur de Kamel : « Seuls 3 témoins affirment que M. Belkadi est resté au poste de garde et ne s’est absenté à aucun moment ». (on aurait pu dire, mais on ne l’a pas dit : seul 1 témoin accuse M. Belkadi …). 

 

Bref, les déclarations du premier « ne sont manifestement pas crédibles », au prétexte qu’il a refusé de répondre à certaines questions des enquêteurs et du juge d’instruction. Ce qu’on oublie de dire, c’est que ce témoin a dénoncé devant le tribunal les pressions dont il a été l’objet tout au long de l’enquête pour lui faire dire que Kamel était coupable…d’autre part, il a fait 3 semaines de détention, alors qu’aucune accusation était portée contre lui !

 

Pour le second témoin à décharge, on « oublie » de dire qu’il a toujours attesté, sans jamais varier dans ses déclarations, que Kamel était présent et n’avait pas bougé du poste de garde de 20 H jusqu’à ce que l’alerte soit donnée. C’est  quand même fort de café !… d’autant plus que ce témoin a précisé qu’il était assis face à l’horloge du poste de garde et pouvait donc certifier les horaires.

« Tout laisse à penser qu’il commet une erreur à propos des horaires qu’il indique » dit-on

Pourquoi ? parce qu’il affirme que Kamel est arrivé au poste de garde aux environs de 20 H, alors que d’autres témoins déclarent que celui-ci n’était pas présent à 20 H 10. Là encore, on oublie que 2 autres témoins confirment la présence de Kamel aux environs de 20 H. Pourquoi croire les uns plutôt que les autres ? Quoi qu’il en soit, ces discordances d’horaires n’ont rien à voir avec les circonstances de la mise à feu, puisque l’expert Ménard estime que celle-ci « a pu se produire à 20 H 35 »

 

Quant au 3e témoin en faveur de Kamel, « ses déclarations doivent également être écartées » :on lui oppose un autre témoin, qui estime qu’à 20 H Kamel n’était pas encore arrivé au poste de garde … mais on oublie que cet autre témoin atteste que Kamel était présent à 20 H 15 !

 

Les témoins à charge bénéficient d’un tout autre traitement. Deux d’entre eux ont affirmé que Kamel n’était pas au poste de garde à 20 H 15. Lors de l’audience, ils ont été pour le moins confus quant aux précisions horaires … qu’à cela ne tienne ; « les approximations relatives aux heures lors de leur déposition orale sont à mettre en relation avec le temps qui s’est écoulé depuis les faits » ! Et là encore, on « oublie » que l’un de ces témoins a déclaré à l’audience : « Il (Kamel) était peut-être revenu et que je ne l’ai pas vu » !

 

Quant au « témoin-clé », les preuves de la véracité de sa version ce sont … « le niveau intellectuel du témoin (chacun à l’audience a pu constater qu’il s’exprimait très confusément, avec un langage frustre, et ne comprenait manifestement pas certaines questions), sa spontanéité parfois déconcertante, et le fait qu’il n’a strictement aucun intérêt à faire des déclarations mensongères ». Qu’est-ce qui prouve qu’il n’a pas fait l’objet de pressions en ce sens ? Et puis surtout, on « oublie » le « détail » de la porte rouge, dont tout le monde convient qu’elle ne permettait pas le passage d’un fenwick.

 

Tous ceux qui étaient à l’audience ont entendu l’accusateur affirmer que Kamel était passé par cette porte rouge, les magistrats ne l’ont pas relevé dans leurs attendus …

 

Enfin, le jugement fait silence sur les contradictions horaires de l’accusation, que l’avocat de Kamel, Maître Behr, a relevé dans sa plaidoirie, démontrant sans équivoque l’impossibilité matérielle que Kamel ait pu mettre le feu dans le créneau horaire défini par    l’enquête.

 

Quant à nous, nous relevons que 6 témoins s’accordent sur la présence  de Kamel au poste de garde à 20 H 15 peut-être même jusque 20 H 20.

L’accusateur, lui prétend qu’il en est parti entre 20 H et 20 H 15. Selon cet accusateur, lui-même, Kamel et un 3e salarié (qui lui, n’a jamais accusé Kamel), seraient partis à pied au packing (un service de l’usine), puis auraient commencé à jouer aux cartes. Kamel serait alors reparti, toujours à pied, au poste de garde pour y réchauffer sa gamelle, serait revenu avec un fenwick, aurait manœuvré celui-ci, puis aurait pris son repas? Ils seraient alors repartis tous les 3 vers le poste de garde ; Kamel lui aurait demandé un briquet, se serait éloigné quelques instants, et ils seraient revenus au poste de garde pour 20 H 30.

Si l’on prend en compte les 6 témoins qui attestent de la présence de Kamel au poste de garde à         20 H 15, toutes ces actions, ces allées et venues, se seraient déroulées en 15 minutes au plus.

Si Kamel était passé avec le fenwick par la « porte rouge », ce créneau horaire était déjà « limite » … mais la « porte rouge » ne permettait pas le passage d’un fenwick ! Et la longueur du détour que cela implique rend strictement impossible un retour au poste de garde pour 20 H 30, heure à laquelle l’accusation elle-même convient que Kamel était de retour.

 

QUI A DONC MIS LE FEU ???

 

Comment ne pas se poser question aussi sur les commanditaires de cet incendie qui tombait à point pour tous ceux qui voulaient en finir avec la lutte « des DAEWOO » ?

 

 

Le slogan des salariés en lutte, c’était « DAEWOO VOLEUR, ETAT COMPLICE ! »…

…Jusqu’où est-on allé dans cette complicité ? On peut tout supposer en termes d’arrangements, de connivences, de compromissions, puisqu’aucun responsable politique ne s’est jamais expliqué publiquement sur le « laisser-faire » dont a  bénéficié DAEWOO…

 

 

La manœuvre de criminalisation de la lutte a-t-elle consisté seulement à fabriquer un « coupable idéal »… ou est-elle allée plus loin ? Tant que la Justice n’aura pas répondu à tous les « pourquoi » que posent les circonstances du départ de feu (au fait, pourquoi a-t-on refusé le complément d’expertise qu’a demandé Me Behr à ce sujet ?), tant qu’elle n’aura pas été y voir plus loin dans les magouilles financières de DAEWOO… toutes les suppositions sont permises !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Intervention du Collectif de soutien à kamel Belkadi



Pourquoi un collectif de soutien à Kamel Belkadi ?

  1. Parce que kamel est innocent : la plaidoirie de maître Behr a amplement montré que l’enquête a été bâclée, que les policiers n’ont privilégié qu’une seule piste, utilisant des moyens de pression inacceptables sur les témoins.
  2. Parce que cette affaire est emblématique de la façon dont nos gouvernants et le patronat tentent de régler les conflits sociaux, en criminalisant les salariés qui luttent pour faire valoir leurs droits les plus élémentaires.
  3. Parce que nous sommes indignés par la différence de traitement entre les travailleurs et les patrons voyous. Pour les uns, c’est la prison et les lourdes condamnations financières, pour les autres, ce sont les subventions, la légion d’honneur et la villégiature sur la côte d’azur, malgré un avis de recherche d’interpol.